Décrypter la prise en charge administrative du patient : cadre, enjeux et bonnes pratiques

Décrypter la prise en charge administrative du patient : cadre, enjeux et bonnes pratiques

Quelles sont les étapes essentielles qui structurent la prise en charge administrative d’un patient à l’hôpital ou en clinique ? Que ce soit lors d’une consultation, d’une hospitalisation ou d’un passage en secteur psychiatrique, l’organisation administrative joue un rôle clé dans le parcours de soins. Ce Guide s’adresse aux professionnels du secteur médico-social, aux agents d’accueil, aux secrétaires médicales et aux assistants de direction. Il permet de comprendre comment gérer l’identité du patient, sécuriser son dossier via l’INS, anticiper le reste à charge ou encore respecter les obligations qualité et sécurité fixées aux établissements de santé. Un contenu clair et structuré pour accompagner au mieux le patient, de son admission à sa sortie.


Partie 1 : L’entrée du patient dans le système de soins

L’admission d’un patient implique une série d’étapes normées, où l’exactitude des données et le respect des procédures réglementaires sont indispensables. Le rôle des agents administratifs est d’assurer la cohérence des informations dès le premier contact, afin d’éviter tout incident ultérieur.


1. Identifier le type de séjour

Les séjours hospitaliers se classent en différentes catégories :

  • Hospitalisation complète : le patient reste au minimum une nuit dans l’établissement.

  • Hospitalisation de jour (ambulatoire) : soins réalisés sur une journée sans hébergement.

  • Séjour en urgence : prise en charge rapide sans rendez-vous.

  • Séjour programmé : intervention ou soins prévus à l’avance.

Chacun de ces types nécessite une préparation administrative adaptée : codification PMSI, réservation de lit, droits d’ouverture spécifiques (AME, CSS, etc.) ou consultation du médecin responsable.


2. Accueillir la personne hospitalisée

L’accueil est un moment stratégique. L’agent administratif vérifie les pièces d’identité, les droits d’assurance maladie, la mutuelle et l’adresse du patient. Il remet :

  • la charte du patient hospitalisé,

  • le livret d’accueil,

  • les consentements à signer,

  • les informations sur la personne de confiance et la personne à prévenir.

La qualité de l’accueil influence la satisfaction du patient. Il est donc essentiel de bien expliquer les démarches, dans un langage simple et respectueux.


3. Sécuriser l’identité : vigilance et INS

L’identitovigilance est une procédure nationale destinée à fiabiliser l’identité du patient. L’objectif est d’éviter :

  • les doublons,

  • les erreurs de dossier,

  • les inversions d’identité.

L’INS (Identité Nationale de Santé) repose sur des données référencées dans le téléservice INSi de l’Assurance Maladie. Elle comprend 5 traits : nom de naissance, prénom(s), date de naissance, sexe et lieu de naissance. Elle permet une interopérabilité des systèmes et renforce la sécurité des soins.


4. Organiser la prise en charge de l’hospitalisation

Après l’enregistrement, le dossier administratif doit être transmis aux services concernés :

  • Unités de soins,

  • Bloc opératoire,

  • Pharmacie (si traitements à délivrer),

  • Service social (si prise en charge partielle).

Un planning est édité avec les actes prévus, les médecins référents, et le parcours du patient dans l’établissement. Les informations sont également utilisées pour les transmissions interservices et la coordination des ressources.


Partie 2 : Suivi, facturation et cadre juridique

Le suivi administratif ne s’arrête pas à l’entrée du patient. Tout au long de son séjour et après sa sortie, les services administratifs assurent la mise à jour du dossier, la gestion des flux d’information, la conformité des actes et le respect des droits du patient.


5. Gérer la consultation et les actes médicaux

Chaque consultation médicale (avant ou après hospitalisation) doit être enregistrée via une fiche de consultation. Les actes sont codifiés selon la Classification Commune des Actes Médicaux (CCAM) et rattachés à une Fiche d’Information Médicale (FIM).
Cela permet :

  • une facturation juste,

  • une traçabilité complète,

  • une remontée d’information vers les tutelles (ARS, Assurance Maladie).


6. Anticiper le reste à charge

Le reste à charge peut concerner :

  • le ticket modérateur (part non remboursée par la Sécu),

  • le forfait hospitalier,

  • les suppléments hôteliers ou actes hors nomenclature.

L’agent administratif doit informer le patient de ces frais via un devis préalable et proposer des dispositifs d’aide :

  • Complémentaire Santé Solidaire (CSS),

  • Aide Médicale de l’État (AME),

  • Fonds de secours hospitalier.


7. Intégrer les prescriptions médicales

Les prescriptions sont saisies informatiquement et archivées dans le Dossier Patient Informatisé (DPI). Elles incluent :

  • traitements médicamenteux,

  • examens biologiques,

  • radiologies,

  • soins infirmiers.

L’administration veille à leur validité, leur durée, leur traçabilité (avec signature électronique) et leur bonne transmission entre les services.


8. Prendre en charge le patient en secteur psychiatrique

En psychiatrie, deux cas de figure sont fréquents :

  • Hospitalisation libre, avec consentement du patient.

  • Hospitalisation sans consentement, décidée par un tiers (HDT) ou par décision préfectorale (HO).

Les dossiers doivent inclure :

  • certificats médicaux,

  • notifications de décision,

  • rapports d’expertise.
    La loi impose des délais stricts de transmission et des droits spécifiques au patient (recours, audience, etc.).


9. Mettre en œuvre la démarche qualité et la gestion des risques

La gestion des risques comprend :

  • la sécurisation des flux documentaires,

  • la prévention des erreurs de codage ou d’identité,

  • la protection des données personnelles (RGPD),

  • les signalements d’événements indésirables (EIG).

Des procédures écrites, des contrôles qualité et des logiciels métiers sont mobilisés pour atteindre ces objectifs.


10. Respecter la certification des établissements de santé

La certification HAS évalue le niveau de qualité et de sécurité des soins. Le volet administratif y joue un rôle important :

  • traçabilité des admissions,

  • accessibilité des informations aux patients,

  • conformité aux normes d’accueil,

  • indicateurs d’activité et de satisfaction.

Les établissements doivent se préparer à cette certification à travers des audits réguliers et des formations.


11. Enregistrer les directives anticipées

Les patients ont le droit de rédiger leurs directives anticipées, notamment en lien avec la fin de vie. L’établissement doit :

  • informer sur ce droit,

  • conserver le document dans le dossier patient,

  • le rendre disponible aux médecins en cas de besoin.
    Elles peuvent être modifiées ou annulées à tout moment.


12. Identifier la personne de confiance

La désignation d’une personne de confiance s’effectue par écrit. Cette personne peut :

  • assister le patient dans ses démarches,

  • être consultée si le patient est hors d’état de s’exprimer.

Elle ne se substitue pas au patient mais joue un rôle de témoin ou de relai. Elle peut être modifiée à tout moment.


13. Mentionner la personne à prévenir

Il ne faut pas confondre la personne à prévenir (souvent contactée en cas d’urgence) avec la personne de confiance.
Elle est désignée lors de l’admission et doit être :

  • clairement identifiée (nom, prénom, téléphone),

  • contactée rapidement en cas de besoin (accident, transfert, sortie imprévue).
    Son enregistrement est obligatoire mais n’ouvre aucun droit particulier.


Conclusion

La qualité du parcours administratif conditionne la qualité du parcours de soins. De l’identitovigilance à la certification, chaque action contribue à renforcer la sécurité, la transparence et la satisfaction du patient. Ce Guide propose aux professionnels un cadre solide pour gérer les situations les plus courantes comme les plus sensibles, en respectant la réglementation et les bonnes pratiques du secteur de la santé.


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